Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/369

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phie, ne doit-elle pas amener l’homme à un port assuré qui devienne celui de tous les mortels ? Des vérités s’étendent, s’épurent et s’affermissent… Si l’homme a étudié Dieu comme il a étudié la sagesse, la politique, les beaux-arts, il a trouvé les fondements d’une science qui sera la science religieuse. C’est une science sortie du sein de l’homme, sortie de ses entrailles, celle que rien ne peut lui arracher, car il tient Dieu en lui-même comme il tient la vie, et il ne peut pas plus éviter d’être pieux que d’être mortel !…

» Arriverons-nous à ce moment favorable où l’exaltation et la critique à la fois sauront élever l’âme sans l’égarer ? Ô Dieu, qui faites l’objet de ce livre, nous avons notre récompense dans notre travail même, consacré à vous. Si nous avons souvent apporté devant vous nos larmes secrètes et nos chagrins particuliers, vous les avez toujours dissipés à l’instant ; mais prier pour le monde appartiendrait-il à une créature ? Cependant accueillez avec bonté les efforts de ceux qui, depuis la réformation et le xviiie siècle, cherchent à rendre à vos autels la pureté et la vérité. Faites-leur trouver dans leur sincérité, dans leur pieuse intention, un éclair de l’antique sagesse ! Faites-leur distinguer les nouveaux prophètes, non pas encore assez respectés, assez reconnus, qui ont depuis cinq siècles relevé la conscience et la liberté en Europe. Les armes de la satire, vous les avez aussi sanctifiées, quand elles avaient la charité pour but, et vous avez béni les travaux de divers genres où l’on peut vous servir. » Ici, l’auteur revient, dans sa pensée, sur les beaux côtés