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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/370

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de l’œuvre de Voltaire. Hautement impartiale, elle discute peu et tranche hardiment, mais c’est avec une droiture qui se fait aimer. Elle sait par où pèchent ces philosophes qu’elle estime, ces enthousiastes qu’elle chérit, et ces penseurs qu’elle admire. Elle fait très justement la part du scepticisme de Voltaire, des délires de Pascal, de tous les nuages qui, à un moment donné, obscurcissent la santé et la lucidité des plus grands esprits. Mais elle les suit fidèlement dans toute leur existence dramatique ou rêveuse, et elle les retrouve, comme elle dit, dans les parages de la sainteté : l’un quand la fièvre le quitte, l’autre quand l’émotion l’a saisi, tous quand les fruits de l’expérience et du travail ont donné le développement nécessaire à la nature et à la tendance de leur force.

Elle s’empare donc avec une grande habileté et un grand goût de tous ces cris éloquents poussés vers le ciel par les hommes supérieurs dont l’autorité établit les vraies lois de la vérité et de la conscience dans les annales de la pensée. Ses récits et ses citations sont faits de manière à procurer une lecture agréable et attachante, même à ceux qui, ayant une conviction arrêtée ou une complète indifférence, ne songeraient, en lisant ce livre, qu’à s’instruire ou à se remémorer. Notre siècle aime ces claires analyses et ces ingénieux extraits où la vraie critique sérieuse excelle aujourd’hui et qui, véritablement, nous apportent la nourriture de l’esprit. On a beau dire que ce siècle meurt d’une disette d’idéal, nous ne croyons pas à cette mort, nous n’y croyons pas, parce que nous voyons,