Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

au-dessus d’une foule qui se rue sur les dangers et les émotions des affaires dites positives, une quantité de beaux et bons esprits poursuivre tranquillement l’œuvre de critique lumineuse et de sublime bon sens qui ramènera l’homme à Dieu, en conciliant toutes les apparentes contradictions de la révélation continue.

L’homme ne vit pas seulement de pain. Quand il s’enfièvre pour le bien-être avant tout, c’est que le milieu social est agité de convulsions qui le poussent dans cette voie, c’est parce que l’homme a le droit de fuir la souffrance et le besoin de poursuivre le bonheur ; c’est aussi parce que la vertu austère est une exception, et qu’aucun gouvernement n’aura le droit de dire à un peuple : « Soyez tous des saints ! » Il ne faut donc pas s’habituer à mépriser ce qu’on appelle le vulgaire ; car le vulgaire, c’est nous tous. Nous sommes tous sur terre comme de simples voyageurs qui, avant d’admirer les beautés d’un site, se voient forcés de s’inquiéter d’un souper et d’un abri quelconque, après une marche plus ou moins pénible. Mais, que le bien-être mieux réparti nous arrive, cette agitation cessera, et nous aurons les mœurs douces et les aspirations élevées qui sont notre tendance inévitable. Alors tous ces excellents travaux de l’esprit qui n’ont pas, à cette heure, la vertu de faire oublier les crises financières, le mal passager et les grands abus qu’il traîne à sa suite, redescendront sur nous comme une pluie bienfaisante après une tempête, et rien de ce que le bon génie du siècle aura inspiré aux âmes libres et calmes dans la tourmente ne