Page:Sand - Tamaris.djvu/118

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cinq ou six familles, les gardes-côtes ayant presque tous femmes et enfants.

La Zinovèse était assise avec les siens sur la terrasse. C’étaient deux petites filles charmantes, très-proprement tenues, mais dont l’air craintif révélait le régime de soumission forcée.

— Entrez dans mon logement, me dit-elle, et soyez tranquille ; vous n’y attraperez point de vermine, comme dans ceux des autres ! Quant à vous, dit-elle à ses filles, restez là, et, si je ne vous y retrouve pas, gare à moi tantôt !

— Vous n’êtes pas phthisique, lui dis-je quand je l’eus auscultée, vous avez le foie et le cœur légèrement malades. Votre toux n’est qu’une excitation nerveuse très-développée, et je ne vois rien en vous dont vous ne puissiez guérir, si vous le voulez fortement. Tenez-vous à la vie ?

— Oui et non. Qu’est-ce qu’il faut faire ?

Je lui prescrivis une médication et un régime ; après quoi, je lui demandai si elle entretenait quelque habitude de souffrance morale impossible à surmonter.

— Oui, dit-elle, j’ai une grosse peine, et je vais vous parler comme au confesseur. J’aime un homme qui ne m’aime plus.

— Est-ce votre mari ?

— Non, l’homme est un brave homme qui m’aime trop, et que je n’ai jamais pu aimer. Ça ne fait rien,