Page:Sand - Tamaris.djvu/119

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on faisait bon ménage quand même. Je suis une femme honnête, moi, voyez-vous, et ceux qui vous diraient le contraire, c’est des menteurs et des canailles !

— Calmez-vous : personne ne m’a dit le contraire.

— Non, vrai ? À la bonne heure : mais je vais vous dire tout. Dans ma vie de femme raisonnable et courageuse, j’ai fait une faute : j’ai eu un amant, un seul, et je n’en aurai pas d’autre, j’ai trop souffert. C’est ce qui m’a tuée.

— Oubliez-le.

— Ça ne se peut pas. J’y penserai jusqu’à ce qu’il meure. Ah ! s’il pouvait mourir ! Que Dieu me fasse la grâce de le faire périr en mer, et je crois bien que je serai guérie !

— Étiez-vous vindicative comme cela avant d’être malade ?

— Avant d’être malade, je m’ennuyais un peu du mari et des enfants, voilà tout. Ça n’allait pas comme je voulais, je ne me trouvais pas assez riche. Pierre Estagel m’avait trompée : il croyait hériter d’un oncle riche, et le vieux gueux n’a rien laissé. J’ai bien eu des robes et des bijoux à mon mariage, et puis, après, rien que la place du mari. Il a fallu travailler sans jamais s’amuser. J’ai fait mon devoir, mais j’avais bien du dégoût, quand j’ai rencontré ce damné qui m’a aimée. Je croyais bien que je ne lui