Page:Sand - Tamaris.djvu/212

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il vous attend pour que vous le rameniez à la Seyne.

— Avec vous ?

— Non, j’ai à Sainte-Anne une carriole. J’allais me promener à Évenos ; mais ce que Pasquali m’a dit des grès de Sainte-Anne m’a donné envie de les voir. Je viens d’y grimper par le revers du côté du hameau. C’est très-curieux !

Nous arrivions auprès de la marquise. Il débita son récit avec assurance et baisa la main de Nama, qui baisa sa propre main aussitôt à la dérobée d’un air de respectueuse dévotion. Quel sentiment mixte cette fraternité fictive faisait-elle naître ou endormait-elle dans le cœur de la métisse ? Je fus frappé, comme l’avait été le baron, de la chasteté de son attitude souriante et charmée ; mais je ne m’en préoccupai qu’un instant. Il m’importait bien davantage d’étudier la marquise et la Florade. C’était la première fois que, depuis ma maladie, je les voyais ensemble.

La Florade faisait visiblement pour l’approcher des efforts d’audace extraordinaires. Il n’avait point l’usage du monde bien librement acquis ; mais la tenue aisée et ferme du marin militaire remplaçait chez lui le convenu, et le remplaçait agréablement, je dois le dire. Il ne pouvait pas être gauche, quelque troublé qu’il fût intérieurement, et ce trouble se traduisait alors par un élan de précipitation heu-