Page:Sand - Tamaris.djvu/229

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nous les avons épargnées aux dignes objets de notre affection ? Qu’est-ce que tu dis de cela, toi ?

— Je dis comme vous, répondis-je, et je sens que, si je pouvais l’oublier, votre exemple me le rappellerait à toute heure.

Nous quittions la table, il se leva avant moi, prit ma tête brûlante entre ses deux mains et la serra un instant sans rien dire. Avait-il donc deviné combien je souffrais et combien j’avais besoin d’être aimé de lui ? Il me chargea de porter à Paul un livre qu’il lui avait promis, et de lui expliquer je ne sais plus quel passage qui devait servir à sa version du lendemain. La soirée était douce. Je sortis nu-tête, comptant demander Paul et ne pas déranger sa mère.

Comme je prenais par le plus court à travers les lauriers, j’entendis près de la source, qui était renfermée dans une voûte couverte, une voix que je ne reconnus pas tout de suite, et qui prononçait mon nom. Je m’arrêtai involontairement : c’était la voix de mademoiselle Roque.

— Il n’est pas pour toi, disait-elle ; mais, moi, je suis ton amie, ta sœur et ta servante. C’est moi qui parlerai, sois tranquille, et va-t’en.

Au bout d’un instant, pendant lequel mademoiselle Roque s’éloigna, la personne à qui elle s’était adressée vint droit à moi sans me voir : c’était la Florade.

— Eh bien, lui dis-je en l’arrêtant, vous avez