Page:Sand - Tamaris.djvu/29

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— Oh ! s’écria-t-elle, je peux tout ce qu’il lui faut, je ne peux que cela ! Merci, docteur, vous avez dit absolument comme notre médecin de Toulon, et vous m’avez fait grand bien. Vous n’êtes pas du Midi, je le vois à votre accent ; mais êtes-vous fixé près d’ici ? Vous reverra-t-on ?

M. Pasquali lui expliqua ma situation, et lui dit à l’oreille un mot qu’elle comprit en me tendant la main avec grâce et en me disant encore d’une voix attendrie :

— Merci, docteur ! Revenez me voir quand vous reviendrez chez mon voisin.

Cela signifiait : « Je sais qu’il ne faut pas vous offrir de l’argent ; alors va pour une gratitude qui ne pèsera pas à un cœur comme le mien ! »

— Quelle adorable femme ! dis-je à mon guide quand nous nous fûmes éloignés ; mais d’où sort-elle, et comment ne fait-elle pas émeute à Toulon quand elle passe ?

— C’est parce qu’elle ne passe pas ; elle ne se promène que dans les endroits où personne ne va. Elle ne voit et ne connaît, ni ne veut, je crois, connaître personne. Quant à vous apprendre d’où elle est, elle m’a dit qu’elle était née en Bretagne, et que son nom de demoiselle commençait par Ker, mais j’ai oublié la fin. Elle est veuve d’un vieux mari, comme vous savez, et elle l’est depuis peu, je crois. Elle ne parle jamais de lui, d’où on peut conclure qu’elle