Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/209

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gyrique qu’il vous plaît de lui faire de moi ! Il serait plus honnête et plus brave de me critiquer en face, et je vous prie d’avoir cette franchise… ou ce courage !

CÉLIA.

Quoi ! vous entrez en révolte, je crois ?

JACQUES.

Contre vous ? Non ; mais je prie sire Roland de dire tout haut ce qu’il vous disait tout bas à propos de moi.

ROLAND.

Et vraiment, je le veux bien ! Je disais que vous…

CÉLIA, à Roland.

Pas un mot de plus, monsieur, je vous le défends !

JACQUES, tirant son épée.

Eh bien… eh bien, monsieur, Vous me rendrez raison de cette offense !

CÉLIA.

Comment ! vous, l’ennemi des querelles ! vous à qui le sang fait horreur !…

JACQUES, avec douleur, laissant retomber son épée.

Ah ! le ciel m’est témoin qu’après avoir tué des hommes, mes semblables, pour des misères, pour une gageure, pour moins encore, pour des femmes sans pudeur et sans prix, j’avais juré de ne plus jamais faire briller au soleil la lame d’une épée…

CÉLIA.

Rendez-moi donc la vôtre, Jacques. Je le veux.

JACQUES, avec violence.

Ah ! vous craignez pour lui !… Je le vois bien !

CÉLIA.

Jacques, rendez-moi votre épée, je l’exige ! Je suis votre souveraine, obéissez-moi !

JACQUES.

Non, vous n’êtes pas ma souveraine, car vous ne m’aimez pas !