Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’ai aimée, et je détruirai cela en moi ; j’en ferai de la cendre, je te le jure ! C’est elle, mon ami, c’est Caroline qu’il faut aimer sérieusement et pour toujours. Elle est digne de porter ton nom ; elle entourera notre mère de soins et de bonheur ; elle te fixera, toi ; elle est forte et elle est tendre ; elle a une intelligence d’élite, une instruction rare, d’immenses ressources dans l’esprit ; et tout cela avec une adorable simplicité. Elle est active, énergique, dévouée, généreuse… Enfin…

LE DUC.

Enfin tu l’adores, et c’est pour cela qu’il faut que je l’épouse ? C’est insensé ! Veux-tu que je te le dise ? depuis hier, je crois qu’elle t’aime.

URBAIN.

Ah ! comme tu te trompes !

LE DUC.

À Paris, pourtant…

URBAIN.

À Paris, elle m’estimait, rien de plus ; et, depuis, elle m’a témoigné une froideur… presque blessante.

LE DUC.

Parce qu’elle s’est aperçue de ton amour, et, comme elle est fière et loyale, elle a voulu te contraindre à porter tes vues sur mademoiselle de Saintrailles.

URBAIN, vivement.

Oh ! si cela était !…

PIERRE, entrant par le fond.

M. le comte de Dunières est au salon et demande à parler à M. le duc.

LE DUC.

Diable ! il est matinal, lui ! (À Pierre.) J’y vas. (Pierre ferme le paravent et sort par le fond.) Tu vois qu’on est pressé là-bas d’avoir une solution, on n’en dort pas ! (Il remonte et revient.) Dis donc, si j’étais à ta place, moi, je ne me trouverais pas si à plaindre ! Aimé de deux femmes charmantes ! Mais tu ne peux pas les épouser toutes deux ; c’est une lacune dans la