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Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/432

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ne t’en défends plus ! Moi, je l’ai exaspéré sans le vouloir, sans m’en douter… Je t’en demande pardon ; j’aurais dû comprendre plus tôt.

URBAIN.

Gaétan, j’ai été odieux ! J’étais fou, j’avais le délire… Je suis bien malheureux, va !

Il fond en larmes et tombe sur la chaise à gauche.
LE DUC, près de lui.

Allons, pas de faiblesse, voyons ! Toi, si courageux !

URBAIN.

Laisse-moi être faible ! Il y a si longtemps que j’ai l’air d’être fort !

LE DUC.

Au fait, oui ; pleure, ça te soulage ; mais tâchons de parler raison. Sache d’abord que, hier au soir, c’est Pierre qui a accompagné mademoiselle de Saint-Geneix à la promenade. (Urbain se lève.) Tu as cru que j’arrangeais un tête-à-tête pour moi… C’est absurde ! Oublions ça à tout jamais. Moi, comme je n’ai pas envie que ça recommence, je te déclare et je le jure que je n’aurai plus la moindre velléité d’amour et de mariage pour mademoiselle de Saint-Geneix.

URBAIN.

À quoi bon ce sacrifice, puisque… ?

LE DUC.

Il servira à ne pas te faire souffrir et à ne pas troubler notre amitié. J’en ai assez, moi, vois-tu, du chagrin de cette nuit ! C’est trop lourd pour moi, j’en deviendrais fou ! Le sacrifice, d’ailleurs, n’est pas immense, puisque mademoiselle de Saint-Geneix n’a seulement pas compris qu’elle me plaisait. Et puis, tu l’as dit et tu as raison, je ne suis pas inconsolable, je ne suis pas tenace. Avec un peu de bonne volonté, et le ciel aidant, je serai amoureux d’une autre peut-être avant huit jours.

URBAIN.

Non, non, épouse Caroline. Je la surmonterai, cette jalousie honteuse, égoïste ! Jamais elle ne se doutera que je