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Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/86

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avec un bon petit cheval, quinze ou vingt lieues par jour… ou par nuit, hiver comme été…

LE DOCTEUR, revenant.

Vous voyez bien que ça ne tue pas, puisque me voilà.

MADAME DUBUISSON.

Et, au bout de vingt ans, on commence à gagner de quoi ne pas mourir de faim.

LE DOCTEUR.

Et même de quoi pouvoir sauver un ami dans l’occasion.

MADAME DUBUISSON.

À la condition qu’il reniera son rang et fera comme vous.

LE DOCTEUR.

Renier son rang parce qu’il travaillera ? En vérité, madame Dubuisson, vous avez des idées que les nobles n’ont plus ! et c’est vous, enrichie par le travail…

MADAME DUBUISSON, se levant.

Moi ?… Apprenez, monsieur le docteur, que je n’ai jamais travaillé !

Elle passe devant Henri, qui reste accablé sur le divan.
LE DOCTEUR.

Je croyais savoir le contraire, et je pensais que c’était là votre droit à la richesse, à vous qui n’avez pas d’aïeux.

DUBUISSON, ricanant.

Pour ça, le docteur a raison. Tu as aujourd’hui des mains blanches, ma mie Louison !… mais autrefois !…

MADAME DUBUISSON, en colère.

En voilà assez là-dessus ! Inutile de se chamailler ! Puisque M. Henri n’est pas plus décidé que ça, il ne nous reste qu’à attendre son bon plaisir, à moins qu’un meilleur parti ne se présente pour notre fille ; ce qui n’est pas impossible, peut-être.

DUBUISSON.

Allons, allons ! te voilà tout en feu !

MADAME DUBUISSON, bas.

Nous sommes joués et insultés !…