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Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/319

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sa retenue, sa bonne humeur, et toutes ses honnêtes façons d’agir.

FABIO.

Allons, ferme ! te voilà féru d’amour pour elle, toi aussi ?

ERGASTE.

Pourquoi dis-tu aussi ?

FABIO.

Je m’entends !

ERGASTE.

N’est-ce point toi qui en serais féru ?

FABIO.

Moi ? Je ne la puis souffrir ! En vérité, je ne sais pourquoi tu me parles d’elle. Je m’en vais au-devant de Florimond, qui la déteste à l’égal de moi-même, (Il s’en va.)


Scène II

ERGASTE, seul.

Quelquefois, on se plaît à mal parler d’une personne qu’on aime, plutôt que d’être réduit à n’en parler point… Je pense que l’enfant a de ce plomb dans l’aile… Mais, à cet âge-là, c’est feu de paille. La Sylvia est assez raisonnable pour savoir le remettre à la raison… Autre peine me point, quant à moi ! c’est Marielle ! Marielle est trop gai ou trop triste. Aujourd’hui, allègre et beau comme à vingt ans ; demain, peut-être, sinistre et pâle comme le propre fantôme de la vieillesse… Est-il donc jamais trop tard pour aimer ?… Vieux Ergaste, cette folie ne se logera point sous tes cheveux gris… à moins que tu ne deviennes femme, auquel cas, vieille ou jeune, tu aimerais Marielle jeune ou vieux. Ah ! puisse la Sylvia juger assez sainement pour connaître que Marielle est autre chose que le plus habile des comédiens, mais qu’il est encore le plus honnête et le meilleur de tous les hommes !