Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/125

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d’autres, plus hardies, riaient et criaient à tue-tête. J’étais descendu de la terrasse avec Miette ; au moment où le fanal fut rallumé, nous vîmes Jacques errant, désappointé, cherchant dans les groupes ; Henri et mademoiselle de Nives avaient disparu avec ou sans la Charliette.

Je vis alors que Miette aimait toujours Henri, car de grosses larmes brillèrent un instant sur ses joues. Elle les essuya à la dérobée, et, se tournant vers moi :

— Il faudrait, me dit-elle, empêcher Jacques de chercher. Il ne sait pas dissimuler, on s’apercevra de son inquiétude.

— Sois tranquille, lui répondis-je, Jacques sait très-bien dissimuler ; tu ne devrais plus en douter à présent. Il se gardera bien, fût-il jaloux, de chercher noise à Henri, car ce serait tout trahir ou tout avouer. Si mademoiselle de Nives a choisi Henri pour son cavalier et qu’il la reconduise à Vignolette, il ne te convient pas de te montrer à eux comme une fiancée inquiète ou jalouse.

— Non, certainement, mon oncle, je ne suis ni l’une ni l’autre, mais…

— Mais voici Jacques qui s’aperçoit de ta présence et qui vient à nous. Ce n’est pas le moment des explications ; fais semblant d’ignorer tout. Tout à l’heure, c’est moi qui le confesserai.