Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/146

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issue à ma situation, lorsque je crus voir une forme grisâtre glisser le long de la palissade, s’en éloigner et y revenir avec toutes les apparences de l’inquiétude. Ce ne pouvait être que mademoiselle de Nives. Je n’hésitai pas. Je fis avec mon cigare allumé des signes qui me parurent aperçus et compris, car la forme mystérieuse ne s’éloigna pas. Alors je pris lestement mes draps de lit, que je nouai bout à bout. Je les attachai comme je pus à ma fenêtre, située à environ six mètres du sol, et je me laissai glisser. Quand le drap manqua, je lâchai tout et me laissai tomber dans les choux, où je ne me fis aucun mal. Je courus à mademoiselle de Nives, car c’était bien elle ! D’un coup de pied j’enfonçai la palissade, je la pris par la main sans rien dire et je la conduisis sans bruit jusqu’à la porte qui donnait sur la rue. La clef n’était pas dans la serrure, et mon couteau n’était pas de taille à lutter contre cet antique et monumental ouvrage. Mademoiselle de Nives, étonnée de ce plan d’évasion, tout différent de celui qu’on lui avait annoncé, me demanda tout bas où était la Charliette.

» — Je vais la chercher, lui dis-je ; restez dans l’ombre et ne bougez pas !

» J’entrai dans l’atelier de l’artisan pour prendre un outil quelconque ; mais, comme je tâtonnais dans l’obscurité, une inspiration subite me