Aller au contenu

Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

De nombreuses bannières à prières sont élevées autour du toit, ainsi que des cylindres d’environ pieds de hauteur sur 2 de diamètre, supportant un croissant surmonté d’un pinacle semblable à la pointe d’une lance. Quelques cylindres sont couverts d’étoffes noires, sur lesquelles sont cousus horizontalement et verticalement des rubans blancs qui forment la figure d’une croix ; d’autres fois ces étoffes sont jaunes et rouges.

L’entrée des monastères est orientée ou à l’est ou au sud ; cette dernière disposition est probablement choisie pour se garantir des vents du nord. La porte d’entrée est à 6 pieds et quelquefois plus au-dessus du sol, avec des degrés pour y conduire.

Les monastères consistent quelquefois en une grande maison, haute de plusieurs étages et parfois entourée d’une galerie couverte extérieure qui sert de promenade. D’autres fois ils se composent de plusieurs édifices, comprenant le temple, la maison de réunion (qui sert de réfectoire), l’habitation des Lamas, les magasins à provisions et autres semblables. Dans les grands monastères tels que Tholing à Gnary-khorsoum, ces divers établissements s’étendent sur une large superficie, et sont entourés d’un mur commun qui, ainsi qu’il fut dit à Guaningham, est destiné à servir de défense ; mais mes frères ont observé que ces murs sont dans beaucoup de cas trop faibles pour prétendre au nom de fortifications, surtout si l’établissement est ancien, comme Tholing, par exemple, qui est cité, dans l’histoire des Mongols orientaux de Ssanang Ssetsen, comme ayant été construit en 1014 avant Jésus-Christ[1].

Le rez-de-chaussée n’a pas de fenêtres et sert de magasin à provisions ; il est ordinairement un peu plus large que les étages supérieurs. Ceux-ci ont de grandes fenêtres et des balcons. Les fenêtres n’ont pas de vitres, elles sont fermées par des rideaux noirs sur lesquels sont cousues des figures en forme de croix latines formées par des bandes d’étoffes blanches[2]. La croix symbolise le calme et la paix, et le sens de ce signe est bien connu des Européens qui visitent le Japon, où en temps de paix les meurtrières des forts sont voilées de rideaux de ce genre ; quand une guerre est déclarée, on enlève les rideaux[3].

  1. Ssanang Ssetsen, éd., par Schmidt, p. 53.
  2. Voyez les planches de Turner et la vue d’Himis par Hermann de Schlagintweit, loc. cit.
  3. D’après un récit du capitaine Fairholme R. N.