Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/18

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l’on aurait volontiers redemandé, comme les tout petits aux grand’mères : « Encore ! encore ! » ou que, la nuit, à l’exemple des jeunes gens qui firent lever le bon Galland, on serait allé réveiller l’artiste amateur, en criant sous ses fenêtres : « Monsieur du Laurens ! Monsieur du Laurens ! si vous ne dormez pas, contez-nous donc un de ces contes que vous contez si bien ! »

L’œuvre de du Laurens n’est pas à dédaigner, en somme ; elle comprend une quarantaine de récits vraiment traditionnels, et qui, malgré une forme un peu prolixe, un style parfois vulgaire, et un parti pris de moralité, constituent un faisceau d’une réelle importance. Du Laurens de la Barre est le premier des petits conteurs bas-bretons. Alfred Fouquet vient ensuite avec ses Légendes du Morbihan, dont une dizaine, le plus grand Saint du paradis et Kernascleden entre autres, ont une origine bretonnante ; la plupart pourtant se rattachent au pays gallo ; toutes sont très sincèrement reproduites. M. Paul Sébillot, le folkloriste attitré de la Haute-Bretagne, a quelquefois poussé une pointe par delà. Corentin Tranois et Émile Ducrest de Villeneuve sont des volontaires d’un jour, dans les articles dispersés desquels il y aurait cependant à glaner. Après, c’est le domaine de l’arrangement : les Récits bretons et les Légendes bretonnes, par C. d’Amezeuil (Ch. P. Aclocque), le Grillon du foyer, par Calixte Delangle, les Contes du pays d’Armor, adaptés de M. Luzel par Marie Delorme, ne peuvent être consultés qu’à titre de renseignements. Raconter d’après les conteurs, sans dénaturer la tradition par l’ingérence de détails fondamentaux plus ou moins personnels, est toujours périlleux : bas-breton jusqu’à la moelle, Souvestre s’y est essayé non sans succès ; du Laurens n’y a échoué qu’à demi. J’imagine néanmoins que, si M. Luzel et lui avaient travaillé ensemble, un colloque analogue à celui de Mariette-Pacha avec son dessinateur, se serait inévitablement engagé entre eux : « M. Mariette, ne vous semble-t-il pas que cette ligne serait un peu plus élégante si elle était arrondie par en haut ? — M. Schmitz, soyez calme, les Égyptiens ont fait cette ligne plate ; si elle est raide, ils en sont responsables