Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/186

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Et il regarda dans tous les coins de la chambre, puis dans le lit, et trouva Jean, qui se cachait de son mieux sous les draps :

— Quand je vous le disais ! reprit-il, en le tirant du lit et le montrant aux autres. Qu’allons-nous en faire ?

— Ma foi, le faire cuire et le manger sur-le-champ ! Nous avons fait un triste souper, et c’est sans doute lui qui en est la cause.

Il y avait un feu d’enfer dans la cheminée ; on suspendit le pauvre Jean au dessus, sans qu’il fît entendre une plainte, et quand il fut cuit, ce qui ne tarda pas, ils le mangèrent, et s’en léchèrent les doigts, tant ils trouvèrent sa chair délicate. Puis, ils s’en allèrent.

Aussitôt qu’ils furent partis, une belle princesse, ou plutôt une tête de princesse (car on n’en voyait que la tête) entra dans la chambre. Elle chercha d’abord sur la table, puis sous la table et dans tous les coins de la chambre, et finit par trouver un fragment d’os, pas plus gros que le petit doigt :

— Ô bonheur ! dit-elle.

Puis elle se mit à frotter cet os avec un onguent qu’elle avait ; et, à mesure qu’elle le frottait, l’os se recouvrait de chair, les membres revenaient peu à peu, et le corps se reconstituait, si bien qu’il se retrouva complet et aussi sain que jamais.