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— Que j’ai donc bien dormi ! dit Jean, en se détirant les membres.

— Oui, dit la princesse, et si bien dormi que, sans moi et mon onguent, vous ne vous seriez jamais réveillé. Vous avez encore deux nuits à passer comme celle-ci ; mais prenez courage, ne vous effrayez de rien, et quand vous aurez subi les trois épreuves, les diables perdront tout pouvoir sur ce château et sur tous ceux qui y sont sous leur domination, et vous nous aurez délivrés tous ; car nous sommes nombreux ici, sous des formes différentes ; et, pour récompense, vous pourrez m’épouser alors, car je suis une des plus belles princesses qui aient jamais existé.

Jean répondit qu’il voulait tenter l’entreprise jusqu’au bout.

Le lendemain, il passa la journée à se promener dans le château et dans les jardins, et, le soir venu, après qu’il eut bien soupé, la même main le conduisit à la même chambre. Il se coucha, mais ne dormit pas, comme la veille. À minuit, les trois diables arrivèrent encore, et se mirent à jouer aux cartes.

— Je sens encore l’odeur de chrétien ici ! dit le diable boiteux.

— C’est depuis hier soir, répondirent les autres.

— Non, non ! je vous dis qu’il doit y avoir encore un chrétien ici !

Et il alla droit au lit, et y retrouva Jean.