Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/191

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sur la manière de se débarrasser de lui. La sorcière lui dit :

— Mettez-vous au lit, et dites que vous êtes dangereusement malade. Votre frère ira vous voir et vous demandera ce qui pourrait vous faire plaisir. Dites-lui qu’un peu de bouillie de pur froment vous ferait grand bien, mais qu’il faut qu’il aille lui-même chercher la farine au moulin. Il s’y rendra avec empressement, et quand il s’en retournera, par le bois, je creuserai sous ses pieds un puits profond, où il tombera, sans jamais pouvoir en sortir en vie.

La méchante sœur revint à la maison, et fit tout ce que lui avait conseillé la sorcière. Elle se mit au lit, dès en arrivant, envoya son frère au moulin, et celui-ci, au retour, tomba dans l’abîme que la sorcière ouvrit sous ses pas. Dans cette situation désespérée, il appela à son secours ses deux chiens. Dès qu’il eut prononcé leurs noms, ils accoururent et le tirèrent du puits. Sa sœur fut fort étonnée de le revoir. Mais elle mangea de la bouillie faite avec la farine qu’il avait apportée du moulin, et se dit guérie aussitôt.

Huit jours après, elle alla encore trouver la sorcière, pour le même motif. Celle-ci fut surprise de savoir que Jean avait réussi à se tirer du puits, et elle dit :

— Faites encore la malade, dites à votre frère qu’un peu d’eau