Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/192

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fraîche de la fontaine du bois vous ferait grand bien, et priez-le d’aller lui-même vous en quérir. Il s’empressera d’accéder à votre désir. Moi, j’ai cinquante chevaliers invisibles, armés d’épées invincibles, à mon service ; je les enverrai et ils vous délivreront de lui, sans peine.

Elle s’alita donc de nouveau, et dit à son frère que rien ne pourrait la soulager comme un peu d’eau fraîche de la fontaine du bois, mais puisée à la source par lui-même.

Jean prit aussitôt une fiole et se dirigea vers la fontaine, sans songer à mal. Mais ses deux chiens, le voyant partir, accoururent à lui et le suivirent, quoiqu’il fît pour les faire rester à la maison. Il puisa de l’eau fraîche à la fontaine, et il s’en retournait tranquillement, lorsque tout à coup il vit briller les épées des cinquante chevaliers de la sorcière qui s’avançaient, menaçantes, sur lui. Il ne voyait que les épées, que brandissaient des mains invisibles. Les deux chiens les virent aussi, et, sans leur laisser le temps d’arriver jusqu’à leur maître, ils se précipitèrent dessus et les mirent en fuite.

En voyant Jean revenir encore sain et sauf, sa sœur pâlit de fureur ; mais elle dissimula et lui fit bon accueil, et le lendemain elle se trouvait encore en parfaite santé. Cependant, pour deux échecs éprouvés, elle ne crut pas la partie perdue, et