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F.-M. LUZEL.

lamentait, quand vint à passer un seigneur inconnu et d’un aspect étrange qui lui dit :

— Qu’avez-vous pour vous désoler de la sorte, mon brave homme ?

— Hélas ! monseigneur, je suis ruiné, un homme perdu !

— Et pourquoi cela ?

— J’allais payer ma Saint-Michel, au manoir que vous voyez là-bas, et je ne songeais point à mal, quand des voleurs sont sortis tout à coup de ce bois et, me jetant à terre, m’ont enlevé les cent écus que j’ai eu tant de peine à ramasser, et que je portais dans ma bourse de cuir. Je suis un homme perdu ! Mon seigneur va vendre tout ce que je possède, et je serai réduit à mendier de porte en porte, avec ma femme.

— Allons ! ne vous désolez pas tant, car tout peut encore s’arranger. Promettez-moi de me livrer, dans douze ans, ce que votre femme porte de plus précieux, et je vous donnerai cent écus à l’instant même.

Le paysan promit imprudemment, ne se doutant pas de ce que lui coûterait un jour un tel engagement. L’inconnu lui compta alors cent écus, et le fermier alla payer son seigneur, sans autre souci.

Au retour, il raconta à sa femme tout ce qui lui était arrivé.