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LE FIlLEUL DE LA SAINTE VIERGE.

— Ah ! malheureux, qu’as-tu fait ? lui dit celle-ci. Ce seigneur inconnu ne peut être que le diable, et tu lui as vendu ton enfant, car je suis enceinte !

Et les voilà de se désoler et de pleurer ensemble.

— Et que faire, mon Dieu ?

— Il faut consulter monsieur le recteur.

Et ils se rendirent tous les deux au bourg, et racontèrent tout à leur recteur. Celui-ci, après avoir réfléchi, leur dit :

— Il faudra me donner pour parrain à l’enfant, quand il sera né ; la sainte Vierge sera sa marraine, et peut-être parviendrons-nous, de la sorte, à annuler le pacte fatal.

L’enfant vint au monde, quand son temps fut arrivé. C’était un superbe garçon. Il fut baptisé, et on lui donna pour parrain le curé de la paroisse, et pour marraine la sainte Vierge, comme c’était convenu. Il fut nommé Pipi. On le mit en nourrice, et il venait à merveille. À l’âge de huit ans, on l’envoya à l’école, chez des moines qui étaient dans le voisinage. Il apprenait bien et l’on était très content de lui. Mais on s’aperçut bientôt qu’il devenait triste et qu’il maigrissait d’une façon alarmante. Ses parents avaient beau l’interroger, lui demander s’il était malade, pourquoi il était si triste et ne prenait pas de part aux jeux des enfants de son âge ; l’enfant répondait toujours qu’il n’était pas malade, et