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— Moi, je sais bien ce que cela signifie, dit Christic ; les chiens aboient aux voleurs qui, depuis trois nuits, rôdent autour de la maison, et qui y entreront cette nuit.

— Dieu ! que dites-vous là ? s’écria l’hôtesse.

— N’écoutez pas ce gamin-là, dit le vieux moine, il ne sait ce qu’il dit.

— Je ne dis que la vérité, reprit Christic, et vous le verrez bien, du reste. Mais voici ce qu’il vous faudra faire, hôtesse. À minuit, il arrivera un homme vêtu comme un riche marchand et ayant avec lui dix chevaux chargés chacun de deux mannequins. Ce prétendu marchand vous demandera la permission de déposer ses mannequins dans votre maison, pendant la nuit. Faites-les mettre dans votre grande salle, et ne soyez pas étonnée si les porteurs les trouvent lourds, car dans chacun de ces mannequins ily aura un voleur caché ; mais n’ayez pas l’air de vous en douter. Lorsque tous les mannequins seront déposés dans la salle, vous enverrez chercher les archers de la ville voisine et, de cette façon, les voleurs seront facilement pris.

Tout se passa comme Christic l’avait dit, et les dix-huit voleurs, cachés dans les mannequins, furent pris et jetés en prison.

Chacun fut étonné de l’esprit et de la science de Christic.

Le lendemain matin, les trois voyageurs se remirent en route.