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un bois qui environnait le château. De là ils entendaient danser, et chanter, et rire, et jurer, et blasphémer, d’une façon effrayante, dans la grande salle du château. Puis, le tonnerre tomba sur le château, et tout fut réduit en cendres, et alors, ils n’entendirent plus rien.

— Eh bien ! mon père, si nous avions été dans le château, qu’en pensez-vous ? demanda Christic au moine.

Le vieillard, étonné, ne dit rien, et se contenta de grommeler, selon son habitude.

Aussitôt que le soleil parut, ils se remirent en route. Ils passèrent par une ville où l’on enterrait un vieux moine. Tout le monde était joyeux, et l’on riait, comme à une noce, parce que l’on était persuadé que le défunt était allé tout droit au paradis. Christic, lui, se mit à pleurer. Le vieux moine, en colère, lui dit encore :

— Pourquoi fais-tu toujours tout le contraire des autres ? Quand ils pleurent, tu ris ; et quand ils rient, tu pleures. Ne serais-tu pas le diable, par hasard ?

— J’ai bien raison de pleurer, je pense. Cet ermite-là disait une prière chaque jour pour que l’on vît quelqu’un pleurer à son enterrement, et comme je ne voyais personne pleurer, j’ai songé à le faire.