Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le lendemain de leur arrivée, il y eut une grande procession, et il y avait là des cardinaux, des évêques, des prêtres, des moines et un nombre infini de gens accourus de tous les pays. Et ils tenaient à la main des cierges, tous plus grands et plus beaux les uns que les autres. Notre vieux moine en avait aussi un, si gros et si lourd, qu’il avait de la peine à le porter. Celui dont le cierge s’allumerait de lui-même, à la procession, trois jours de suite, devait être élu Pape.

Christic, qui n’avait pas d’argent pour acheter un cierge, suivit pourtant la procession, à côté de ses deux compagnons de route, tenant à la main, la pointe en l’air, une baguette de coudrier qu’il avait coupée dans une haie et qu’il avait écorchée ensuite, comme les pèlerins qui vont aux pardons de Basse-Bretagne. Chacun avait les yeux fixés sur son cierge, et s’attendait à le voir s’allumer d’un moment à l’autre, et rares étaient ceux qui regardaient leurs livres et priaient. Voilà que tout d’un coup la baguette de Christic prit feu, au grand étonnement de tout le monde.

— Soufflez sur son cierge, s’écria aussitôt le vieux moine ; éteignez-le, celui qui le porte est un sorcier !

Et le cierge de Christic fut éteint, et lui-même faillit être étouffé par la foule qui se précipitait sur lui.

Le lendemain, la procession recommença, et le feu prit encore