Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’il est possible, l’arrière-petite-nièce des Deux Sœurs jalouses de leur cadette, lorsqu’on s’en tient également à la seconde partie du drame. Les conteurs de Basse-Bretagne, comme ceux de l’Orient, comme Perrault dans la Belle au bois, amalgament volontiers, soit pour en accroître l’intérêt, soit par suite de trous dans la mémoire, des récits originairement distincts les uns des autres. Le lecteur qui commence à se familiariser par la pratique avec la matière traditionnelle s’aperçoit aisément de ces interpolations.

Comparés à leurs cousins bretons, les contes slaves, de même que les contes orientaux, présentent des analogies indéniables. Le corbeau, le serpent et le loup, qui, dans la mythologie Scandinave, symbolisent le mal, sont, avec le crapaud, les seuls animaux que nos disréveller et nos marvailler dépeignent nuisibles à l’homme ; et, quant à la compassion pour les bêtes, le Mahabharata en donne plus d’un exemple. Ne reconnaît-on pas dans le pèlerin de Pleyben, dans le saint Kelvin, de Montalembert et de M. Renan, ce sage hindou qui, s’étant endormi, les mains entrelacées, et y trouvant, à son réveil, un oiseau en train de couver des œufs, comme sur un nid, attend, pour ouvrir les bras, que les petits soient éclos ? Du reste, nos ermites tiennent du richi, et nos moines, du derviche.

Pour expliquer tous ces points de contact entre les merveilleux régionaux, on est forcé d’admettre la nécessité d’un merveilleux général, d’un fonds commun traditionnel où chaque peuple a puisé et qu’il a déformé ou transformé suivant sa nature. Certes, on parviendra à interpréter isolément quelques contes au moyen des adaptations météorologiques, des trouvailles de la philologie, des éléments que fournit l’histoire. Mais il sera difficile d’expliquer l’universelle diffusion des traditions populaires sans recourir à une communauté d’origine. Téméraire, aussi bien, qui voudrait, dans l’état actuel de la science, s’avancer davantage. « Les problèmes relatifs aux influences sont de ceux que l’on pose, mais que prudemment on ne résout pas, a dit l’auteur anonyme du remarquable appendice aux Contes de Perrault édités par Hetzel. Au delà de cer-