Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/89

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Par ailleurs, Tammik était un garçon parfait, sauf la beauté qui lui faisait un peu défaut ; car je crois qu’il était louche et presque bossu. N’importe, il avait bien d’autres qualités préférables dans le cœur : il était bon pour les bêtes et les gens, charitable quand il avait trop, chose rare en vérité, et pieux toujours, en souvenir de sa bonne femme de mère, qu’il avait vu mourir trois jours avant sa première communion. Ah ! qu’il parlait avec enthousiasme de ce beau jour de sa première communion, et il y avait de quoi, en vérité ! Figurez-vous Tam-Tortik vêtu d’un bel habit de drap vert avec des boutons de cuivre, ayant appartenu au garde-chasse de Lothéa. Il y en a qui disent que l’habit était un peu ample pour Tam : bagatelle ! Tam n’en était que plus à l’aise pour chanter ses cantiques ; et un beau cierge de douze sous pour le moins, et un chapeau neuf !… Ah ! le beau jour, Jésus, Jésus-Maria !

Tammik partit donc, et s’il n’emporta point d’argent ni de sabots neufs, il eut pour passe-port la bénédiction de son vieux père. Ça devait lui porter bonheur, car, vous le savez, le bon Dieu conduit toujours les bons fils par la main.

Or, le même jour, dans la meilleure métairie du voisinage, pareille chose à peu près se passait : un beau garçon de dix-huit à vingt ans, Jalm Thurio, fils de veuve riche et comme il faut, avait demandé résolument et pour tout de bon ses comptes à sa