Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/90

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mère, voulant aller, disait-il, par le monde à la recherche d’une fortune plus grande, et surtout s’affranchir de la surveillance maternelle.

La veuve, sa mère, était pourtant une digne femme, pleine de vertu, de religion et de crainte de Dieu ; mais ses conseils n’avaient servi qu’à hâter le départ de son fils, en lui causant du dépit.

Alors, Thurio, monté sur un bon double bidet de Cornouaille, partit au grand trot, par le grand chemin, pour se rendre à la grande ville de Quimper. On était en hiver, il neigeait, il glaçait à fendre pierre. Du côté de Clohars, Jalm rencontra sur son chemin un pauvre klasker bara (chercheur de pain), tout vieux, tout transi, qui disait d’une voix enrouée :

Riou braz am euz (j’ai grand froid), mon gentilhomme, un coin de votre manteau pour l’amour de Dieu.

Riou, riou, répondit Jalm en éclatant de rire, Riou, c’est le tailleur de Lothéa. Faut lui commander un pourpoint, l’ami, au lieu de t’enrhumer ici à crier riou à tous les passants.

Le pauvre reprit :

— Pour un petit coin de votre manteau, je vous donnerai cette petite cage et la petite mouche bleue qui est dedans ; voyez, voyez, mon doux gentilhomme.