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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/233

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SUR L’EAU.

Quittant Knich tout à coup, le grand ami jeta au fond de la barque un manteau épais et, s’emparant de Maroussia, malgré sa résistance, il la coucha doucement sur le manteau.

« J’oubliais de faire dormir mon enfant, dit-il.

— Je ne veux pas dormir, dit la petite fille.

— Ne dors pas, mais reste couchée, dit le grand ami d’une voix ferme. Je te conterai des histoires tout à l’heure. »

Au lieu de dormir au fond de son bateau, Maroussia, à demi soulevée sur son coude, regardait. Quels yeux que les siens pour tout voir avant tous les autres !

« Là-bas, de ce côté, dit-elle en étendant le bras, ne vois-tu rien ?

— L’enfant a raison, dit Knich, c’est là qu’ils sont.

— Silence ! » dit le grand ami.

La barque vola sous les efforts redoublés des deux rameurs, et bientôt Maroussia put reconnaître, malgré la distance, dans les deux hommes qu’elle avait signalés en deçà d’un petit promontoire, ses anciennes connaissances, ceux-là mêmes qu’elle avait vus chez son père, frappés et garrottés par les soldats : Semène Vorochilo et Andry Krouk. Dieu soit loué ! ils avaient donc pu échapper.

La barque bientôt aborda. Les Cosaques ôtèrent leur bonnet aux arrivants et dirent :

« Bonne chance et santé !