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UN CONTE DE BRIGANDS.

« Là-dessus il la quitta en riant, d’un rire qui lui donna la chair de poule, et alla se coucher dans l’aile du vieux manoir où ils habitaient tous. Ses compagnons en firent autant. Quelques instants après, elle était à coup sûr la seule qui ne dormît pas dans le château.

« Quand elle s’en fut assurée, elle se dit : « Maintenant, sauvons-nous. »

À ce moment, l’envoyé sentit la main de Maroussia serrer vivement la sienne.

« Qu’y a-t-il ? » lui dit-il.

L’enfant, mettant un doigt sur ses lèvres pour lui recommander le silence, lui montra deux yeux verts qui brillaient dans un gros buisson sur le revers du sentier.

L’envoyé avait un bâton de houx à la main. Il alla droit au fourré.

« Prends garde ! » lui cria la petite fille.

Mais déjà l’envoyé avait, de la pointe de son bâton, fouillé le fourré. Un bruit singulier se fit entendre, c’était le bruit d’ailes d’un grand oiseau de proie qui, dérangé dans sa retraite, s’envolait lourdement en poussant un cri funèbre.

« Est-ce mauvais signe ? dit Maroussia.

— Il n’y a pas de mauvais signe, » lui répondit son grand ami en lui donnant une petite tape sur la joue.

Maroussia continua son récit :