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geurs attardés et les ivrognes noctambules. Ils[1] trouvent un grand plaisir à les égarer. Une personne qui s’est égarée la nuit, dit qu’elle a été menée par l’alfe (van den alf geleed.) Une personne qui est menée, marche pendant toute la nuit, sans discontinuer, et ne reconnaît son chemin qu’au point du jour ; elle se trouve alors à une grande distance de son village. Il arrive parfois qu’on est mené en plein jour, mais c’est la grande exception.

Quelques-uns prétendent que les alfes tourmentent ceux qui dorment, comme fait la Mare (le cauchemar.)

Les bonnes femmes de nos contes[2] sont des Elfes bienfaisantes, les Lichtelfen des Scandinaves.

Quant aux Alvermannekens de Lubbeek-lez-Louvain, ce sont des nains ou Kabouters[3].


3. Maar, Mare, Nachtmare, Nachtmerrie (jument nocturne)[4].

— C’est le cauchemar.

Le peuple croit que c’est une femme, une espèce de sorcière qui, la nuit, se glisse dans les chambres à coucher, se met sur la poitrine du dormeur, le presse fortement, l’empêche de respirer, le fait transpirer extraordinairement et le torture au moyen de songes épouvantables.

Men wordt van de mare berêen (bereden), on est monté par la mare ou la jument nocturne (nachtmare). Et cette croyance populaire nous fait penser aux succubes, incubes et éphialtès des anciens.

On chasse la mare avec un couteau que l’on place ouvert sur la poitrine, la pointe dirigée vers le haut. La mare « qui monte » le dormeur, est ainsi dangereusement blessée et ne revient plus jamais.

  1. Le mot Elf est du masculin en flamand. Le mot Elvinne, Alvinne a été employé.
  2. Voy. Joos, II, 103, 136, 180.
  3. Voy. plus loin ; aussi Wolf, 660.
  4. D’après l’étymologie populaire. « Is echter samengesteld met maar, Mnl. mare = nachtspook.» Vercoullie. Ce radical maar se rencontre dans le mot français cauchemar. Voy. Littré.