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Personne ne le savait.

L’après-midi cependant, quelques enfants qui avaient joué dans le bois, accoururent hors d’haleine :

« La cloche ! » s’écrièrent-ils ; « nous avons vu la cloche ! »

« Où cela ? »

« Dans le Mazelegracht !… Oui, oui, elle y est ! » [1]

La nouvelle se répandit dans tout le village. Et voilà tout le monde qui court du côté du Mazelegracht.

C’est vrai !… La cloche est là, dans le fossé, à demi engloutie : le bord est encore visible.

Que faire ?

On attache des cordes autour de la cloche, on y attelle quatre chevaux solides et hu !

Hu hu !

La cloche se dégage un peu. Les habitants applaudissent.

Hu hu !

Les chevaux tirent, les cordes se tendent. La cloche remonte, remonte ! Le peuple crie :

« Elle vient !… hu ! »

Les chevaux ont de l’écume autour de la bouche, ils reniflent, ils tirent, tirent !… Les cordes se tendent plus encore ; le conducteur frappe, son fouet se rompt.

Hu hu ! crie-t-il, et il vomit un juron.

Le sol tremble, s’ouvre, engloutit la cloche, les chevaux, le conducteur, et se referme pour toujours !

Allez la nuit de Noël, à minuit, au Mazelegracht et vous entendrez la cloche qui sonne douze coups[2].


  1. Fossé de Mazele = Maxensele par contraction.
  2. Joos, I, 97. On entend une saga analogue à Wambeek, Liedekerke, Assche. Dans ce dernier bourg, on montre au mont Moret, la place où se trouve engloutie une cloche : Elle sonne, la nuit de Noël, à minuit. On raconte à peu près la même histoire à Beveren, Aarsele, Eernegem et Heist. Voy. aussi Wolf, nos 197, 461, 462, 463, 464, 575, 580. Volksleven, V, 113, 114.