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directoire (1798).

la Cisalpine, et on augurait de toutes ces combinaisons, que pas un Français ne se sauverait. Le roi de Piémont, prince religieux, avait quelques scrupules à cause du traité d’alliance qui le liait à la France ; mais on lui disait que la foi promise à des oppresseurs n’engageait pas, et que les Piémontais avaient le droit d’assassiner jusqu’au dernier Français. Du reste, les scrupules étaient moins ici le véritable obstacle que la surveillance rigoureuse du directoire. Quant à l’archiduc de Toscane, il manquait entièrement de moyens. Naples, pour le décider, promettait de lui envoyer une armée par la flotte de Nelson.

Le directoire, de son côté, était sur ses gardes, et il prenait ses précautions. La république ligurienne, toujours acharnée contre le roi de Piémont, avait enfin déclaré la guerre à ce prince. À une haine de principes se joignait une vieille haine de voisinage et ces deux petites puissances en voulaient venir aux mains à tout prix. Le directoire intervint dans la querelle, signifia à la république ligurienne qu’il fallait poser les armes, et déclara au roi de Piémont qu’il se chargeait de maintenir la tranquillité dans ses états, mais que, pour cela, il fallait qu’il y occupât un poste important. En conséquence, il lui demanda de laisser occuper par les troupes françaises la citadelle de Turin. Une pareille prétention n’était justifiable