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révolution française.

son embouchure dans le lac de Constance, et de s’emparer ainsi de tous les corps répandus dans les hautes vallées. Lecourbe, qui formait son aile droite, et qui, par son activité et son audace extraordinaires, était le général le plus accompli pour la guerre des montagnes, devait partir des environs du Saint-Gothard, franchir le Rhin vers ses sources, se jeter dans la vallée de l’Inn. Le général Dessoles, avec une division de l’armée d’Italie, devait le seconder en se portant de la Valteline dans la vallée du Haut-Adige.

Ces habiles dispositions furent exécutées avec une grande vigueur. Le 16 ventôse (6 mars) le Rhin fut franchi sur tous les points. Les soldats jetèrent des charrettes dans le fleuve, et passèrent dessus comme sur un pont. En deux jours, Masséna fut maître de tout le cours du Rhin, depuis ses sources jusqu’à son embouchure dans le lac de Constance, et prit quinze pièces de canon et cinq mille prisonniers. Lecourbe, de son côté, n’exécutait pas avec moins de bonheur les ordres, de son général en chef. Il franchit le Rhin supérieur, passa de Dissentis à Tusis dans la vallée de l’Albula, et, de cette vallée, se jeta hardiment dans celle de l’Inn, en traversant les plus hautes montagnes de l’Europe, couvertes encore des neiges de l’hiver. Un retard forcé ayant empêché Dessoles de, se porter de la Valteline sur le Haut-Adige, Lecourbe se trouvait exposé au débordement de toutes les forces autri-