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directoire (1799).

du petit nombre d’hommes sur ce point décisif, il en était un autre qui ne fut pas moins fatal aux français. Le général n’inspirait aucune confiance, il n’avait pas assez de jeunesse, comme nous l’avons dit ; il s’était d’ailleurs dépopularisé pendant son ministère. Il le sentait lui-même, et il n’avait pris le commandement qu’à regret. Il allait pendant la nuit écouter les propos des soldats, sous leurs tentes, et recueillir de ses propres oreilles les preuves de son impopularité. C’étaient là des circonstances bien défavorables, au début d’une campagne grande et difficile.

Les Autrichiens devaient être commandés par Mélas et Suwarow. En attendant, ils obéissaient au baron de Kray, l’un des meilleurs généraux de l’empereur. Avant même l’arrivée des Russes, ils comptaient quatre-vingt-cinq mille hommes dans la Haute-Italie. Soixante mille, à peu près, étaient déjà sur l’Adige. Dans les deux armées l’ordre avait été donné de prendre l’offensive. Les Autrichiens devaient déboucher de Vérone, longer le pied des montagnes, et s’avancer au-delà du fleuve, en masquant toutes les places. Ce mouvement avait pour but d’appuyer celui de l’armée du Tyrol dans les montagnes.

Schérer n’avait reçu d’autre injonction que de franchir l’Adige. La commission était difficile, car les Autrichiens avaient tout l’avantage de cette