DIRECTOIRE (1798). 33
des rangs français, tombaient devant eux, ou s’échappaient
dans la plaine de toute la vitesse de
leurs chevaux. Mourad, après avoir perdu deux
ou trois cents de ses plus braves cavaliers, se retira
pour gagner le sommet du Delta, et aller nous
attendre à la hauteur du Caire, à la tête de toutes
ses forces.
Ce combat suffit pour familiariser l’armée avec
ce nouveau genre d’ennemis, et pour suggérer à
Bonaparte la tactique qu’il fallait employer avec
eux. On s’achemina sur le Caire. La flottille se tenait
sur le Nil à la hauteur de l’armée. On marcha
sans relâche pendant les jours suivans. Les soldats
eurent de nouvelles souffrances à essuyer, mais
ils longeaient le Nil, et pouvaient s’y baigner tous
les soirs. La vue de l’ennemi leur avait rendu leur
ardeur. « Ces soldats, déjà un peu dégoûtés des
fatigues, comme il arrive toujours quand on a assez
de gloire, je les trouvais, dit Bonaparte, toujours
admirables au feu. » Pendant les marches
l’humeur revenait souvent, et après l’humeur les
plaisanteries. Les sa vans commençaient à inspirer
beaucoup de respect par le courage qu’on leur
voyait déployer: Monge et Bertholet, sur la flottille,
avaient montré à Chébreïss un courage héroïque.
Les soldats, tout en faisant des plaisanteries,
étaient pleins d’égards pour eux. Ne voyant pas
paraître cette capitale du Caire, si vantée comme