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34 RÉVOLUTION FRANÇAISE.


une des merveilles de l’Orient, ils disaient qu’elle n’existait pas, ou bien que ce serait comme à Damanhour, une réunion de huttes. Ils disaient encore qu’on avait trompé ce pauvre général, qu’il s’était laissé déporter comme un bon enfant, lui et ses compagnons de gloire. Le soir, quand on s’était reposé, les soldats qui avaient lu ou entendu débiter les contes des Mille et une Nuits, les répétaient à leurs camarades et on se promettait des palais magnifiques et resplendissans d’or. En attendant, on était toujours privé de pain, non que le blé manquât, on en trouvait partout au contraire mais on n’avait ni moulin, ni four. On mangeait des lentilles, des pigeons, et un melon d’eau exquis, connu dans les pays méridionaux sous le nom de pastèque. Les soldats l’appelaient sainte pastèque. On approchait du Caire, et là devait se livrer la bataille décisive. Mourad-Bey y avait réuni la plus grande partie de ses Mameluks, dix mille à peu près. Ils étaient suivis par un nombre double de fellahs, auxquels on donnait des armes et qu’on. obligeait de se battre derrière les retranchemens. Il avait rassemblé aussi quelques mille janissaires, ou spahis, dépendans du pacha qui, malgré la lettre de Bonaparte, s’était laissé entraîner dans le parti de ses oppresseurs. MouradBey avait fait des préparatifs de défense sur les