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36 RÉVOLUTION FRANÇAISE.

à se réfugier en Syrie, si les Français étaient victorieux. Un nombre considérable de djermes couvraient le Nil, et portaient toutes les richesses des Mameluks. Tel était l’ordre dans lequel les deux beys attendaient Bonaparte. Le 3 thermidor (:2 juillet), l’armée française se mit en marche avant le jour. Elle savait qu’elle allait apercevoir le Caire et rencontrer l’ennemi. A la pointe du jour, elle découvrit enfin à sa gauche, au-delà du fleuve, les hauts minarets de cette grande capitale, et à sa droite, dans le désert, les gigantesques pyramides dorées par Je soleil. A la vue de ces monumens, elle s’arrêta comme saisie de curiosité et d’admiration. Le visage de Bonaparte était rayonnant d’enthousiasme; il se mit à galoper devant les rangs des soldats, et leur montrant les pyramides Songez, s’écriait-il, songez que dit haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent. On s’avança d’un pas rapide. On voyait, en s’approchant, s’élever les minarets du Caire, on voyait grandir les pyramides, on voyait fourmiller la multitude qui gardait Embaheh, on voyait étinceler les armes de ces dix mille cavaliers, brillans d’or et d’acier, et formant une ligne immense. Bonaparte fit aussitôt ses dispositions. L’armée, comme à Chébreïss, était partagée en cinq divisions. Les divisions Desaix et Régnier formaient la droite, vers le désert la division Dugua