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Page:Thiers - Histoire de la Révolution française, tome 10.djvu/62

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révolution française.

avions perdu deux vaisseaux, les Anglais aussi en avaient perdu deux, dont l’un était échoué, et l’autre démâté notre feu était supérieur. L’infortuné Brueys fut blessé, il ne voulut pas quitter le pont de son vaisseau : « Un amiral, dit-il, doit mourir en donnant des ordres. Un boulet le tua sur son banc de quart. Vers onze heures le feu prit au magnifique vaisseau l’Orient. Il sauta en l’air. Cette épouvantable explosion suspendit pour quelque temps cette lutte acharnée. Sans se laisser abattre, nos cinq vaisseaux engagés, le Franklin, le Tonnant, le Peuple-Souverain, le Spartiate, l’Aquilon, soutinrent le feu toute la nuit. Il était temps encore pour notre droite de lever l’ancre et de venir à leur secours. Nelson tremblait que cette manœuvre ne fut exécutée ; il était si maltraité qu’il n’aurait pu soutenir l’attaque. Cependant Villeneuve mit enfin à la voile mais pour se retirer, et pour sauver son aile qu’il ne croyait pas pouvoir exposer avec avantage contre Nelson. Trois de ses vaisseaux se jetèrent à la côte ; il se sauva avec les deux autres et deux frégates, et fit voile vers Malte. Le combat avait duré plus de quinze heures. Tous les équipages attaqués avaient fait des prodiges de valeur. Le brave capitaine Du Petit-Thouars avait deux membres emportés ; il se fit apporter du tabac, resta sur son banc de quart, et, comme Brueys, attendit d’être emporté par un boulet de