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révolution française.

Repnin. M. de Cobentzel devait réunir ses efforts à ceux du prince Repnin et de la légation anglaise, pour entraîner le jeune roi.

La France, de son côté, avait envoyé l’un de ses plus illustres citoyens à Berlin c’était Sièyes. La réputation de Sièyes avait été immense avant le règne de la convention. Elle s’était évanouie sous le niveau du comité de salut public. On la vit renaître tout à coup, lorsque les existences purent recommencer leurs progrès naturels ; et le nom de Sièyes était redevenu le plus grand nom de France, après celui de Bonaparte ; car en France, une réputation,de profondeur est ce qui produit le plus d’effet après une grande réputation militaire. Sièyes était donc l’un des deux grands personnages du temps. Toujours boudant et frondant le gouvernement, non pas comme Bonaparte, par ambition, mais par humeur contre une constitution qu’il n’avait pas faite, il ne laissait pas que d’être importun. On eut l’idée de lui donner une ambassade. C’était une occasion de l’éloigner, de l’utiliser, et surtout de lui fournir des moyens d’existence. La révolution les iui avait enlevés tous, en abolissant les bénéfices ecclésiastiques ; Une grande ambassade permettait de les lui rendre. La plus grande était celle de Berlin, car on n’avait d’envoyés ni en Autriche, ni en Russie, ni en Angleterre. Berlin était le théâtre de toutes les intrigues, et Sièyes,