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directoire (1798).

quoique peu propre au maniement des affaires, était cependant un observateur fin et sûr. De plus, sa grande renommée le rendait particulièrement propre à représenter la France, surtout auprès de l’Allemagne, à laquelle il convenait plus qu’à tout autre pays.

Le roi ne vit pas arriver avec plaisir dans ses états un révolutionnaire si célèbre ; cependant il n’osa pas le refuser. Sièyes se comporta avec mesure et dignité ; il fut reçu de même, mais laissé dans l’isolement. Comme tous nos envoyés à l’étranger, il était observé avec soin, et pour ainsi dire séquestré. Les Allemands étaient fort curieux de le voir, mais ne l’osaient pas. Son influence sur la cour de Berlin était nulle. C’était le sentiment de ses intérêts qui seul inspirait le roi de Prusse contre les instances de l’Angleterre, de l’Autriche et de la Russie. Tandis qu’en Allemagne on travaillait à décider le roi de Prusse, la cour de Naples, pleine de joie et de témérité depuis la victoire de Nelson, faisait des préparatifs immenses de guerre, et redoublait ses sollicitations auprès de la Toscane et du Piémont. La France, par une espèce de complaisance, lui avait laissé occuper le duché de Bénévent, Mais cette concession ne l’avait point calmée. Elle se flattait de gagner à la prochaine guerre une moitié des états du pape.

Les négociations de Rastadt se poursuivaient avec