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révolution française.

mission. Le général Saint-Cyr, qui avait remplacé Masséna, se distinguait par une sévère probité mais, partageant le goût d’autorité qui devenait général chez tous ses camarades, il paraissait mécontent d’être soumis à la commission. A Milan surtout, on était fort peu satisfait de tout ce qui se faisait à Rome. Les démocrates italiens étaient irrités de voir les démocrates romains annulés ou contenus par la commission. L’état-major français, duquel relevaient les divisions stationnées à Rome, voyait avec peine une riche partie des pays conquis lui échapper, et soupirait après le moment où la commission quitterait ses fonctions.

C’est à tort qu’on ferait au directoire français un reproche du désordre qui régnait dans les pays alliés. Aucune volonté, si forte qu’elle fût, n’aurait pu empêcher le débordement des passions qui les troublaient, et quant aux exactions, la volonté de Napoléon lui-même n’a pas réussi à les empêcher dans les provinces conquises. Ce qu’un seul individu, plein de génie et de vigueur, n’aurait pu exécuter, un gouvernement composé de cinq membres, et placé à des distances immenses, le pouvait encore moins. Cependant il y avait dans la majorité de notre directoire le plus grand zèle à assurer le bien-être des nouvelles républiques, et la plus vive indignation contre l’insolence et les concussions des généraux, contre les vols manifestes des