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directoire (1798).

scandale. Ces scènes étaient déplorables, surtout à cause de l’effet qu’elles produisaient sur les ministres étrangers. Non-seulement on leur donnait le spectacle des plus fâcheuses divisions, mais on les insultait dans les dîners diplomatiques, en buvant, à leur face, à l’extermination de tous les rois. Le plus véhément jacobinisme régnait à Milan. Brune et Lahoz partirent pour Paris, afin d’aller se ménager l’appui de Barras. Mais le directoire, averti d’avance, était inébranlable dans ses résolutions. Lahoz eut l’ordre de repartir de Paris, à l’instant même où il arrivait. Quant à Brune, il lui fut prescrit de retourner à Milan, et d’y concourir aux changemens que Trouvé allait faire exécuter.

Après avoir accompli les diverses modifications nécessaires à la constitution, Trouvé assembla chez lui les députés les plus sages, et les leur soumit. Ils les approuvèrent ; mais le déchaînement était si grand, qu’ils n’osèrent pas se charger de les proposer eux-mêmes aux deux conseils. Trouvé fut donc obligé de déployer l’autorité française, et d’exercer ostensiblement un pouvoir qu’il aurait voulu cacher. Du reste, peu importait, au fond, le mode employé. Il eût été absurde à la France, qui avait créé ces républiques nouvelles et qui les faisait exister par son appui, de ne pas profiter de sa force pour y établir l’ordre qu’elle croyait le