Page:Vallat - Le Génie de Rabelais, 1880.djvu/22

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prouesses, Chaucer dans the Knightes tale[1], Folengo, plus connu sous le nom de Merlin Coccaie, dans ses Macaronées[2] où il raconte les aventures de l’héroïque Baldus, le soi-disant petit-fils de Charlemagne, et comme devait faire plus tard en Espagne le spirituel et malicieux Michel Cervantes dans son épopée burlesque, Don Quichotte de la Manche, chevalier de la triste figure. Mais la parodie gigantesque de Rabelais paraît surpasser les autres par la singularité d’esprit dans la conception du sujet et la force comique dans son exécution. Il offrait aux amateurs de beaux ténébreux la vie treshorrificque du grand Gargantua et les faictz et prouesses espouentables de Pantagruel son fils, roy des Dipsodes. Tous les Amadis, de quelque trempe qu’ils fussent, ne devaient pas être fiers en présence de ce terrible adversaire, qui dépasse ses illustres aïeux de cent coudées, le fameux Gargantua, assez fort pour renverser tours et forteresses à coups d’un gros arbre qu’il a facilement arraché de terre, assez adroit pour s’enlever, à l’aide d’un peigne garni

  1. Le conte des chevaliers.
  2. Sorte de poésie composée, en manière de plaisanterie, de mots empruntés de différentes langues ou de mots d’une même langue auxquels on donne des désinences propres à une autre.