Page:Vallat - Le Génie de Rabelais, 1880.djvu/23

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de dents d’éléphants tout entières, plus de sept boulets qui lui sont demeurés entre les cheveux, et assez grand mangeur pour avaler par mégarde six pèlerins comme des limaçons avec des laitues aussi hautes qu’un noyer. Les héros de chevalerie étaient-ils comparables à Pantagruel qui défait Loupgarou et ses trois cents géants armés de pierres de taille, en les abattant, « comme un masson faict de couppeaulx[1], » à Bringuenarilles[2], le grand géant avaleur de poêles, chaudrons, lèchefrites et marmites, faute de moulins à vent « des quelz ordinairement il se paissoit[3], » et aux redoutables capitaines Riflandouille et Tailleboudin accompagnés de leurs soudards tous bien armés et déterminés ? Avait-on imaginé un être plus bizarre que Quaresmeprenant, monarque de l’île Tapinois ? Sa tête était comme un alambic, ses oreilles comme deux mitaines, son nez comme un brodequin, ses yeux comme un étui de peignes, ses joues comme deux sabots, sa bouche comme une housse, ses dents comme des épieux, sa langue comme une harpe, son menton comme un

  1. Pantagruel. Livre II, chapitre XXIX.
  2. Frotteur de mufles.
  3. Pantagruel. Livre IV, chapitre XVII.