Page:Vallat - Le Génie de Rabelais, 1880.djvu/29

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l’existence, la quiddité ou le esse essentiæ du esse existentiæ, suivant le beau langage de l’école.

Pendant que le roi de France, François Ier, et l’empereur d’Allemagne, Charles-Quint, qui, à la suite de guerres ruineuses, avaient conclu depuis plus de quatre ans le traité de Cambray, s’observaient avec défiance, aspirant encore secrètement l’un à la conquête du royaume de Naples et du duché de Milan, l’autre à la domination universelle, Rabelais ne croyait pas faire un exercice inutile en remuant son tonneau Diogenic, d’où les puissants de la terre pouvaient tirer les excellentes choses qu’il contenait, entre autres une éloquente leçon de modération, de justice et d’humanité : « Qui trop embrasse peu estrainct. Le temps nest plus dainsi conquester les royaulmes auecques dommaige de son prochain frere christian : ceste imitation des anciens Hercules, Alexandres, Hannibalz, Scipions, Cesars et aultres telz est contraire a la profession de leuangile, par lequel nous est commande guarder, sauluer, regir et administrer chascun ses pays et terres, non hostilement enuahir les aultres. Et ce que les Sarazins et barbares iadiz appelloient prouesses, maintenant nous appellons briguan-