Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/113

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Des chênes étalaient leur vétusté d’ombrage,
Et des flocons de gui neigeaient sur les gazons ;
Les aromes tiédis sous l’haleine de rage,
Des zéphirs aspirant l’âme des floraisons,
Versaient le flot troublant des longues pâmoisons.


Dans les cimaises d’or de ce grand tabernacle
Filtraient les liserés purpurins des couchants,
Des torsades de bois rubanaient le pinacle
En rustiques arceaux aux triglyphes tranchants ;
Et l’obscur conviait aux tendresses des chants.


Seules, sous le parvis ondoyant d’un grand hêtre,
Deux femmes se trouvaient, belles de la vigueur
De celles dont la chair n’a point connu de maître :
Le lacis des rameaux tamisait la rigueur
Des ondes de clarté, dans un flot de langueur.


Et l’une assise avait la robe d’immortelles,
Pleine de majesté sublime et de douceur ;
Sa main tenait la palme aux fronces de dentelles ;
L’autre, nue et sans fard, au visage penseur.
Sommeillait nonchalante aux genoux de sa sœur.