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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/114

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Et la première avait la natte aux tresses blanches,
Vénérable du temps des siècles écoulés ;
L’autre étalait aux yeux la nacre de ses hanches,
Et sur sa lèvre rouge aux plissages moulés,
Voltigeaient les souris des songes déroulés.


Et celle-ci gonflait ses beaux seins en cadence ;
À chaque exhalaison de son souffle divin,
De son être effluait le parfum d’abondance
Par la stillation d’un fluctueux levain.
Qui féconde les sens du mage et du devin.


Et celle-là veillait, ceinte de l’auréole
Prise au feuillage d’or du laurier flamboyant ;
Immensément, avec un méplat de créole,
Son visage s’abstrayait dans l’infini, croyant
Voir monter sur l’azur un été verdoyant.


Alors, râlant d’amour, prostré dans mon extase,
Voilà qu’elle a plongé ses doux yeux dans les miens,
Et j’ai cru percevoir au loin hennir Pégase.
Et l’autre revenant des symboles païens,
Tendit ses bras et dit : « Jette ta herse et viens »…