Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/155

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Au-dessus de l’étang taché de nénuphars,
De languides Éons et des Sylphes blafards,
Dont les gestes à peine esquissés nous désignent.
Tous nos rêves transis semblent nous faire signe
Du fond de notre enfance enfouie, et leurs pleurs
Débordant des canaux ravinés de nos cœurs,
Ont noyé nos esprits sous un lac d’amertume.
Oh ! respirer un peu de leur parfum posthume !
Pour retrouver dans leur suprême effeuillaison
Cette ancienne douceur dont nous agonisons !……


Ne nous en allons pas ! Il fait si bon ! Il fait si doux
Dans l’ombre où le Jadis se donne rendez-vous,
Que le désir me prend de dresser là nos tentes,
Et d’y coucher notre vieillesse pénitente,
Qui regrette la vie et qui maudit le sort,
D’avoir jeté tous nos espoirs par dessus bord !
Nos espoirs ! nos espoirs ! naufragés en bas-âge,
Qui nagez éperdus dans notre blanc sillage,
Comme nous aimerions à vous tendre la main !
Mais la vague nous pousse et le flot inhumain,
Engloutissant vos bras plaintifs levés sur l’onde,
Suggère à notre esquif sa course vagabonde.

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